Le Comité économique, éthique et social du Haut Conseil des biotechnologies (HCB) a rendu un avis négatif sur la mise en culture du MON 810*, ce 22 décembre 2009.
La majorité de membres du CEES (14 contre 11 et 1 abstention) considèrent que les inconvénients d’une mise en culture du MON 810 l’emportent sur les avantages. Dans un communiqué commun, Jean-Jack QUEYRANNE, Président de la Région Rhône-Alpes et représentant de l’Association des Régions de France (ARF) au HCB, et Didier GUILLAUME, Président du Département de la Drôme et représentant de l’Association des Départements de France (ADF) au HCB, "se réjouissent d’avoir contribué, par leur engagement, à rendre cet avis qui permet de préserver les filières agricoles de qualité notamment en Rhône-Alpes et dans la Drôme et de respecter les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement".
Une agriculture sans OGM ?
En effet, la Région Rhône-Alpes, en avril 2004, et le Département de la Drôme, en janvier 2005, ont délibéré « pour une agriculture sans OGM ». Lors des discussions préalables au sein du comité éthique économique et social du HCB, la région a plaidé pour la protection des espaces et des filières : « Nous avons sur nos territoires des AOC et des labels. Qu’en adviendra-t-il demain s’il y a dissémination d’OGM ? Nous ferions disparaître ce qui caractérise la diversité et la qualité de l’agriculture française.».
Lors de sa contribution aux travaux du comité, Didier GUILLAUME a rappelé que « les OGM sont une technique diffuse et invasive » et qu’ « il faut casser le stéréotype qui oppose les agriculteurs bio anti-OGM d'une part et les agriculteurs traditionnels pro-OGM d'autre part, dès lors qu’une majorité d’agriculteurs et de Français veulent une agriculture et une alimentation sans OGM. »
Reste à convaincre le gouvernement et... les agriculteurs, en particulier les éleveurs !
Si, malgré ce vote, la mise en culture devait tout de même être autorisée par le gouvernement français, la majorité des membres du comité éthique économique et social du HCB estiment qu’elle devrait l’être avec des conditions d’accompagnement (biovigilance, suivi socio-économique, etc.), mais aussi avec des conditions préalables, telles que l’entrée en vigueur des règles générales de coexistence, l’adaptation de certaines règles de propriété intellectuelle, la mise en oeuvre d’études de toxicologie, etc.
Jean-Jack QUEYRANNE et Didier GUILLAUME ont donc bon espoir que la mise en culture du MON 810 ne soit pas autorisée sur le territoire de la région.
Rhône-Alpes, 1ère région française de production bio ?
Mais on l'a vu encore récemment lors de la réunion France / Brésil (lire l'article de LYon-Actualités), il est particulièrement difficile de lutter contre les lobbys surpuissants et les multinationales. L'Etat du Parana, avec lequel la région Rhône-Alpes est liée, avait ainsi pris une mesure d'interdiction des OGM. Mais la secrétaire d'Etat aux sciences Lygia Lumina Pupatto nous a indiqué qu'un recours des producteurs devant la justice fédérale avait fait annuler cette décision au Brésil.
De leur côté, les élus écologistes de la région Rhône-Alpes ont échoué dans leur tentative d'organiser une filière d'alimentation du bétail par des céréales garanties sans OGM importées du Parana. Pour Gérard Leras, le président du groupe des Verts à la région, les freins ne viennent pas seulement des industriels ; les éleveurs eux-aussi préservent des intérêts quelquefois "peu avouables", comme le "jeu" sur les cours des céréales.
Des cantines biologiques dans les lycées de Rhône-Alpes
Reste que selon la Région Rhône-Alpes, "plus de 1 300 exploitations rhônalpines tournent aujourd'hui en agriculture biologique, grâce entre autres aux 2 M€ d’investissement que le Conseil régional distribue chaque année pour structurer cette filière".
40 cantines biologiques fonctionnent dans les lycées, avec un objectif de 80 en 2012 (pour 275 lycées publics). La Drôme est le 1er département bio de France avec 555 exploitations biologiques et 23 100 hectares en biologique, soit 10,2% de la Surface Agricole Utile (46% de la SAU de la région).
* Maïs génétiquement modifié et produit par le semencier américain Monsanto (dont le siège européen est à Bron), le MON 810 a été modifié pour produire en lui-même une toxine insecticide.
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